http://www.classmates.com/directory/public/memberprofile/list.htm?regId=8692739621Judo International: Voix du Japon par Gotaro Ogawa

Directeur général de l’équipe japonaise éclaircit ses intentions

yoshimura

Le 25 février, je me suis rendu à la Fédération japonaise pour interroger Kazuo YOSHIMURA, Directeur général de l’équipe nationale, sur ses pensées concernant les efforts de raffermissement de son équipe.
En son temps actif dans la catégorie des -71kg, Yoshimura, maintenant 59 ans, s’est fait remarquer par la 3eme place mondiale en 1973, sa victoire au tournoi de Paris en 1979, etc. Depuis déjà longtemps il dirige les efforts pour former et affermir l’équipe nationale avec des résultats bien substantiels. Il a formé de grands compétiteurs tels que Toshihiko KOGA et Hidehiko YOSHIDA, et a acquis une réputation d'excellent entraîneur.
Quoique les paroles lancées à ses élèves sont parfois violentes, ceux-ci l’aiment et l'estiment beaucoup du fait de son affection envers eux. (Rédaction par Gotaro Ogawa)

Q : Monsieur le Directeur, vous avez une mine redoutable, mais vos élèves vous aiment bien et les filles, elles aussi, vous font confiance. Quel est le secret de votre éducation ?

Ah bon ? J’ai dirigé l’équipe masculine pendant douze ans et après les Jeux olympiques d’Atlanta, on m’a confié l’équipe féminine.
Ce à quoi je pense quotidiennement, c’est d’essayer de saisir le caractère de mes élèves. Vous savez, tous les compétiteurs et compétitrices s’enlisent souvent dans des impasses au fur et à mesure de compétitions ou d’entraînements. Ils ont tout le temps des soucis. Il importe donc d’obtenir des informations sur leurs problèmes. J’essaye de comprendre leurs soucis tout en les soignant ou les massant quand ils sont blessés ou fatigués. Il arrive parfois qu’ils ne veulent pas me confier leurs problèmes. Alors j’essaye de les détecter à travers leurs amis ou collègues dans mon effort de les contacter en privé. C’est ainsi que je réussis parfois à connaître leur problèmes. Lorsque je dirige l’entraînement, je donne des conseils en fonctions de cela et c'est à ce moment-là, quand la personne concernée comprend que je connais bien ses souci, que la confiance s’établit entre nous.
Bien sûr, tout le monde est différent. Il y a des élèves qui s’améliorent si l’on les gronde. Il y a ceux qu’il vaut mieux flatter. Naturellement il y a des différences entre filles et garçons. Les garçons souvent réchauffent le courage si on les gronde. Les filles pleurent facilement, et parfois on fait une erreur de jugement à cause de leur larmes. Les garçons tendent à former de grands groupes alors que les filles se groupent en deux ou trois personnes. Il ne faut surtout pas favoriser l’une ou l’autre. Il faut adresser la parole à toutes et surtout à celles qui sont moins bien placées.

Q : Vous avez longtemps travaillé en tant que directeur en chef de formation des compétiteurs. Quels sont les principaux résultats positifs que vous avez obtenus? Quelles sont les principales tâches et la perspective pour les JO de Londres ?

Jusqu’à la période assez récente, les jeunes compétiteurs n’avaient pas pu dépasser les anciens, ce qui, a-t-on pensé, a emmené à la défaite de Rotterdam en 2009. Après Rotterdam, on a changé la politique et a commencé à sélectionner des garçons d’avenir pour les entraîner et faire acquérir un esprit nouveau. Après Pékin, on avait rajeuni les entraîneurs dans l'optique de chercher ceux qui peuvent saisir les sentiments de jeunes compétiteurs. C’est ainsi que nous avons nommé Shinohara comme entraîneur principal pour l’équipe masculine. Shinohara était plus jeune que celui qui était considéré comme un candidat sûr. Shinohara est assez sévère lors des entraînements, mais il est capable de soigner les compétiteurs en fonction de leur situation. Pour l’équipe féminine, on a désigné Sonoda qui est plutôt jeune. Shinohara n’a pas eu de résultat à Rotterdam et la presse l’a attaqué disant que il n’était pas bon du tout. Mais il y a toujours des victoires et des défaites dans le sport. Il y a aussi des aléas. J’ai contiuné à utiliser Shinohara. Je pense que cela a contribué au bon résultat des Championnats de Tokyo l’an dernier.
Nous sommes en train de continuer le rajeunissement et j’ai l’intention d’intensifier cette politique dans la voie de Londres.
Les filles avaient de meilleurs performances dans le passé. Mais tout réccement, je m'inquiète quelque peu de ce que Matsumoto(-57kg), Ueno(-63kg) ou d’autres semblent stagner un peu étant entendu que leurs techniques et mouvements sont bein étudiés par leurs rivales étrangères. La situation dans les catégories -70kg et -78kg est également difficile.

Q : Comment entendez-vous y faire face ?

Il est nécessaire de faire acquérir à nos compétiteurs des techniques d’un niveau plus élevé. Par exemple, Misato Nakamura devrait apprendre non seulement les techniques de jambe mais aussi celles de liaison jambe et la suite. Quant à Matsumoto, elle a obtenu de bons résultats en se mettant dessous de son adversaire au sol et la renversant pour entrer à osaekomi. Maintenant ses rivales ont bien étudié sa technique, nous devons alors lui faire apprendre des techniques supérieures.
Par ailleurs nous pensons à envoyer des jeunes aux compétitions internationales plus fréquemment. Dans le système de classement actuel, nous voulons faire participer aux compétitions autant que possible ceux qui n’ont pas des points nécessaires, sans trop de considération à l’égard du résultat. Il est important que ces jeunes montrent, sans souci de défaite, leurs spécificités dans des compétitions. Ce serait donc un match d’essai pour eux. Il faudrait qu’ils acquièrent de grandes techniques et non pas des petits détails. Pour ceux qui détiennent des points suffisants, ils peuvent se concentrer sur les entraînements intensifs au Japon.
L’objectif, pour moi, c’est le mondial et les Jeux olympiques.

Q : Que pensez-vous, en tant que le chef de l’équipe nipponne, de la tendance actuelle des compétitions internationales et des évolutions du règlement?

D’abord je voudrais dire à la Fédération internationale(FIJ) qu’il y a un problème d’arbitres. C’est que le responsable du comité d’arbitres donne trop d’instructions aux arbitres sur le tapis. Soucieux de l’opinion de leur chef, les arbitres hésitent à donner leur propre jugement, parce que, souvent, ils n’ont pas la qualité nécessaire en tant qu’arbitre. La qualité des arbitres nommés par les cinq fédérations continentales n’est pas égale. Par exemple, il y a ceux qui déclarent jogai et ceux qui ne le font pas dans une pareille situation. Il faudrait des jugements uniformes dans les situations similaires.
Bien que la posture des combattants s’est bien améliorée à la suite de changement de règles, certains arbitres n’ayant pas de connaissance suffisante concernant les détails de kumite finissent par méconnaitre waki-gatame résultant ainsi à une blessure de bras d’un combattant. Il est indispensable d’effectuer des entraînements intensifs d’arbitres.
Le changement fréquent des règles est un autre problème. Si les règles changent trop souvent, il est difficile de s’y habituer pour les compétiteurs et les arbitres. Les changements, s’il y a lieu, devraient se faire une fois tous les quatre ans.
De surcroît, des compétitions trop nombreuses posent un problème Sous le règime du classement, les compétiteurs sont obligés de participer à de nombreuses compétitions. Les championnats du monde sont maintenant annuels. Moi, personnellement, je pense qu’ils devraient être biennaux.
Les représentants japonais soulèvent ces problèmes au sein du Comités des directeurs ou du Comité d’athlètes de la FIJ. Mais il parait qu’il est difficile pour eux de se faire entendre.

Q : Au Japon, le Pésident UEMURA parle souvent du retour au « point original » du judo ou du judo « authentique ». Quelle est votre opinion sur la mission des cercles de judo japonais ?

Quand je suis allé en Allemagne la dernière fois, j’ai parlé avec mes amis allemands de la nécessité d’échanges de juniors et de cadets. Nous avons des échanges avec la Corée. Le plus important pour l’avenir, c’est l’échange international d’enfants. Les enfants apprennent bien. Les petits judokas pourraient apprendre le judo de manière multi-culturelle.
Au judo, il est important de respecter le partenaire et l’adversaire ou de féliciter les autres mutuellement. A travers les échanges, il serait possible d’apprendre le judo authentique dès le plus jeunes âge . On peut espérer que cela pourrait augmenter la population des judokas.
A l'entraînement j’incite mes élèves à apprendre la courtoisie. Mais il n’est pas facile de la faire pénétrer chez eux. Pourtant le Japon doit prendre l’intiative. Si non on ne pourra pas créer un mouvement.

Q : Ne faut-il pas chercher à former la solidarité internationale sur ce point?

Oui, évidemment. Monsieur Uemura en a parlé avec quelques présidents de fédérations nationales, mais on n’a pas fait beaucoup de progrès. Si nous avons une vision nette et essayons d’en discuter constamment, cela ne peut que contribuer au bon développement du judo.